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jeudi 25 août 2005
Un parfum de Cap-Vert à Groix
 

Artistes et réalisateurs invités d'honneur du cinquième festival du ciné des îles
Une armada de bénévoles qui s'affairent sur le tout nouveau pont du festival, des artistes et des réalisateurs qui débarquent en rafale. L'île de Groix repart une cinquième fois dans l'aventure du cinéma des îles du monde. Du ciné des Familles de Port-Tudy au tout petit et si joli village de Port-Lay, bienvenue au Fifig, cinquième du nom. L'intensité des artistes cap-verdiens en prime. Jean-Luc Blain, directeur du festival du film insulaire, (Fifig), était hier sur tous les fronts. Dans l'écrin de Port-Lay, nouvel épicentre des festivités insulaires, l'effervescence était à son comble. Avec mille et un détails de dernières minures à régler, avec l'inquiétude entre les dents, face au vent qui se lève, menaçant, et une pluie qui ne l'est pas moins. A ses côtés, une véritable petite armée de bénévoles, fermement décidés à en découdre pour que le festival groisillon poursuive une route désormais bien tracée au gré des vagues océanes.

La nouvelle affaire de coeur du Fifig s'appelle cette année le Cap-Vert. Une mission rêvée que les festivaliers vont embrasser du regard jusqu'à dimanche. En images bien sûr - nous sommes quand même au coeur d'un très bon festival du film documentaire - mais aussi en musiques. Parce que le Cap-Vert, archipel d'une décade d'îles, est aussi terre féconde d'artistes. Il y a bien sûr Césaria Evora « l'ambassadrice » qu'on ne présente plus. Mais hier soir, il y avait le concert très attendu de Mayra Andrade, jeune Cap-Verdienne aux talent et charme fous, découverte voici deux ans en terre bretonne lors d'un Jazz à Vannes qui en frémit encore. « J'ai une vraie histoire avec la Bretagne, sourit Mayra, qui se souvient encore de son premier concert donné sur les bords de l'Erdre il y a trois ans. J'ai toujours rêvé de faire mes études en France ». Mayra vit aujourd'hui à Paris, d'où tant de choses partent en matière de musiques.

A Groix hier, la jeune Cap Verdienne était accompagnée de musiciens brésiliens. Une formule trio qui autorise beaucoup de liberté, de prises de risques, où l'on s'amuse beaucoup aussi. Mayra est native de Santiago au Sotavento, au sud de l'archipel. C'est ici que se situe sans doute le plus gros héritage culturel cap-verdien, où le métissage de populations est aussi le plus intense. C'est d'ici que Mayra puise son inspiration artistique. D'une tradition qui se nourrit aussi de multiples influences musicales. Il y a la Morna et la Coladeira qui pourraient faire penser à ce que dégagent fado et samba. C'est commun à toutes les îles de l'archipel. Dans cette unité, les particularismes sont très importants. A Santiago, le funana et le batuku étaient des musiques jouées à l'origine par les esclaves. Aujourd'hui ces rythmes m'inspirent, ils se mélangent au jazz, aux musiques brésiliennes ou africaines. Ça parle toujours du quotidien, d'amour, de départs, d'histoires d'un pays d'immigration. Dont Mayra est aujourd'hui porte-parole. Comme tous les Cap-Verdiens... »

Pierre WADOUX

 

jeudi 25 août 2005 Quarante films à voir en trois jours
 

Les journées seront chargées pour les festivaliers qui veulent tout voir. Près d'une quarantaine de films, fictions, documentaires et cinéma d'animation, sont diffusés jusqu'à dimanche. En voici deux parmi tant d'autres.

·The Other Side of The Burka, un film iranien de 2005, tourné sur l'île de Qeshm. Au sud de cette île, les femmes vivent sous le poids des traditions patriarcales. Leur souffrance se manifeste par de nombreux symptômes mentaux et physiques, qui ne doivent être traités que la la cérémonie traditionnelle du Zar. Pour la première fois, en dépit des dangers auxquels ces femmes s'exposent, ce film retrace la triste histoire de leur vie et montre leur condition face à la caméra (film en compétition, projeté ce jeudi à 14 h 30 à Port-Lay et samedi à 14 h 30 au Cinéma des Familles).

·The Old Whestone est un film islandais tourné sur l'île d'Ofeigsfjord. Arneshreppur est une petite île isolée depuis des siècles au nord-ouest de l'Islande. Sans routes réelles, les transports modernes n'ont jamais modifié le cours de la vie quotidienne des îliens. Ces derniers vivent entre pêche et mer. Ils cultivent, pêchent et utilisent des bois flottés pour construire leurs maisons. Aujourd'hui, leurs enfants quittent l'île et une à une, les fermes sont laissées à l'abandon. Mais des irréductibles s'accrochent à leur caillou (projection samedi à 14 h 30 à Port-Lay). ·La billeterie du festival. A Lorient, la Fnac, Mediastore et la Banque de Bretagne au 14 rue Victor-Massé proposent des pass festival et toute la billetterie du festival. Pass et billets sont bien sûr disponibles sur place à Groix. The Other Side of The Burka, la dure vie des Iraniennes, aujourd'hui.

 

samedi 27 août 2005

Film insulaire : la Région embarque

« L'insularité n'est pas un handicap, c'est une chance que nous aidons » Jean-Yves Le Drian, président de la Région, et Sylvie Robert, vice-présidente chargée de la culture, ont embarqué une nouvelle fois dans l'aventure du film insulaire. Des quais de Port-Lay, nouvel ancrage du festival, le tandem a gagné en canot rapide le Tara, l'immense voilier en escale groisillonne avant sa prochaine étape... le Cap-Vert.

« L'insularité, ce n'est pas un handicap, c'est une chance que nous allons aider ! », lance Jean-Yves Le Drian, alors que le canot pneumatique met le cap à vive allure sur Port-Tudy. Le président de la Région quitte le bord du Tara à l'ancre devant Port-Lay, nouveau point d'ancrage du festival international du film insulaire. Les élus sont ici, une nouvelle fois, venus soutenir ce p'tit Fifig qui fait bien plus que de s'accrocher comme une bernique à son caillou de naissance. La reconnaissance régionale, amplement méritée, pourrait encore être amplifiée. En solidifiant le socle humain par la question cruciale de l'emploi associatif, on pourrait pérenniser l'affaire. Sylvie Robert et Jean-Yves Le Drian disent aujourd'hui, d'une même voix, ce que les responsables bénévoles ont besoin d'entendre. « C'est l'un des festivals d'images les plus aidés aujourd'hui, plus que Travelling à Rennes ou Douarnenez, proportionnellement. Nous participons à hauteur de 21 % de son budget. Mais nous devons l'aider davantage dans sa vocation internationale, précise Sylvie Robert. Il nous fallait venir ici pour expertiser ce festival original, si difficile à bâtir ».

Port-Lay, école audiovisuelle ?

« D'abord, je suis ici par affection, parce que Groix pour moi c'est une vieille histoire, renchérit Jean-Yves Le Drian. Et puis, en matière d'audiovisuel il manquait auparavant... une volonté d'aboutir. Maintenant, la Bretagne est pôle de compétitivité « Images et réseaux » à vocation mondiale. Et ce festival, structurant, en est une contribution. Il s'inscrit dans le projet culturel breton où les évènements n'ont jamais été si variés et vivaces. Alors, bien sûr qu'on va lui donner le coup de pouce nécessaire dans sa dimension internationale. » Bon, reste la question du site... « Le défi était de redonner vie à ce petit port et de sauver les bâtiments de la mainmise des promoteurs. » Mais, à propos de l'activité qui pourrait s'y développer sur le long terme ? « J'ai entendu pas mal de choses..., (dont le projet de Jean-Luc Blain d'y créer une véritable école audiovisuelle). Ce qui est sûr, c'est qu'il va falloir faire preuve d'imagination ».

La suite du film reste donc encore à écrire...

Pierre WADOUX.

 

lundi 29 août 2005

Film insulaire : Groix passe la 5e

Programme international riche, bon palmarès, et base à consolider Il faut peut-être cinq ans pour qu'un festival atteigne sa vitesse de croisière. Au soir du 5e opus du ciné des îles, l'incroyable machinerie groisillonne, activée par une armada de bénévoles fondus d'image, pointe désormais son étrave vers de nouveaux caps. A condition aussi de consolider un socle encore vacillant. D'abord, il fallait oser prendre à l'abordage le site de Port-Lay. L'un des plus petits ports breton s'est, d'un coup, retrouvé sous les feux de la rampe, après un quasi demi-siècle de torpeur maritime. Ce village aux thoniers légendaires est devenu pendant cinq jours l'épicentre de l'actualité internationale du film documentaire. Un retour aux sources émouvant pour la population groisillonne dont les rangs de bénévoles, autant dans les salles de projections ou de concerts, ont grossi. C'est d'autant plus remarquable quand on sait la difficulté d'être prophète en son pays. La boucle de ce cinquième marathon vient d'être bouclée. Par l'essentielle remise des prix.

« Ingroyable ! »

« Faudrait que ça reste là toute l'année, ça fait revivre le port... » dit un spectateur groisillon, qui contemple du haut des murailles du village, les installations de bois, cordes et métal, posées sur les quais de Port-Lay par des plasticiens-bûcherons-navigateurs. Des installations qui tournoient sur fond de piano à bretelle à la Tiersen, tandis que s'envolent les magnifiques trapézistes de l'académie Fratellini. Car, au-delà des salles obscures, le festival a su planter son décor. Et fait fonctionner à merveille son incroyable faisceau d'amitiés en tous genres bercées par l'odeur du varech groisillon.

En passant la cinquième, le Fifig a trouvé son rythme de croisière. Les entrées 2005 se situent à mi-chemin entre 2003 et 2004. Juste au-dessus de la ligne de flottaison. C'est bien. Une jauge qui permet de rester à flot. Avec des temps forts et des films qui restent gravés. « Il y avait notamment The other side of burka, un film qu'il faut voir et soutenir, qui a posé problème au jury à l'heure du choix », explique René Vautier, président du jury. C'est pour des films de cette trempe qu'il faut aussi venir à Groix. Pour soutenir la création documentaire, dans sa base de Port-Lay qui ne demande plus qu'à être consolidée. Dans un festival désormais renommé, mais qui joue encore les funambules sur son fil d'histoires de vies. Côté finances, le Fifig traîne encore le boulet du déficit 2002. Et ça ira comme ça jusqu'en 2010. Mais bon... Alors que la 5e est officiellement finie, Groix continuait hier soir sa fête en mer comme à terre. Ingroyable !

Pierre WADOUX.

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