page Lorient samedi 26 juillet 2003
Groix
: un bout d'histoire part en fumée
En
passant devant Ty Beudeff, les badauds s'arrêtent, souvent médusés.
Le bar d'Alain Stéphant a complètement brûlé dans la nuit de jeudi à vendredi.
Sur l'île, le bar Ty Beudeff a été complètement détruit dans un incendie « Evoquez Groix, et on vous répondra Ty Beudeff. » Cette phrase du maire de l'île résume à elle seule le symbole que représentait le bar d'Alain Stéphant.
Sa destruction
dans un incendie dans la nuit de jeudi à vendredi a donc forcément marqué
les esprits.
Hier, toute l'île ne parlait que de cela. Certains, apprenant la nouvelle,
écarquillent les yeux.
Dévasté par les flammes dans la nuit de jeudi à vendredi, Ty Beudeff, le bar
le plus connu de Groix, a fermé ce qu'il reste de sa porte pour un moment.
Appelés à 1 h 37 du matin, les sapeurs-pompiers de l'île ont déployé tous
les moyens à leur disposition, mais rien n'y a fait.
« Je n'ai jamais vu un incendie aussi rapide et dévastateur »,
témoigne André Labeyrie, chef des pompiers.
Jugé pour le
moment « d'origine accidentelle » par le parquet de Lorient, le feu n'a heureusement
pas fait de victime. Mais dans les coeurs, la blessure est visible.
Tant chez les insulaires que chez les continentaux. Il faut dire que Ty Beudeff
est « une institution » sur l'île. Atypique, sa réputation parfois sulfureuse
cohabitait avec une sympathie naturelle. « Pour quelqu'un
qui vient de l'extérieur, l'endroit pouvait paraître froid, sombre,
explique Éric Régénermel, maire de Groix, mais
c'était un lieu vivant, où chacun laissait des traces de son passage. Aujourd'hui,
c'est comme si un site archéologique avait été détruit. » «
Cela faisait partie du patrimoine de l'île, estime pour sa part
Robert, livreur de bière, et c'était le seul
bar de l'ouest où la cave était au grenier ! Il va nous manquer quelque chose,
à partir de maintenant. »
Où que l'on aille sur la petite île, l'amertume est palpable.
Dans l'Auberge du pêcheur, en face du bâtiment calciné, Brigitte, la
propriétaire, et Catherine, une touriste, ont sorti un petit cahier.
« On propose aux gens de laisser
un mot à Alain Stéphant, le patron de Ty Beudeff. Il ne méritait vraiment
pas ça... » Et les pages se remplissent vite. Il faut dire
que 30 ans après sa création, ce bar, pour le moins rustique, est dans les
souvenirs de bien des personnes, toutes générations et toutes nationalités
confondues...
Sébastien RIO.
page Lorient
samedi 26 juillet 2003
Jo Le Port : « Les souvenirs n'ont pas brûlé »
Jo Le Port, « second » de l'équipage Ty Beudeff, a officié pendant plus de 20 ans derrière le comptoir du plus célèbre des bars groisillons.
Après Alain Stéphant, son créateur, Jo Le Port est l'autre figure emblématique de Ty Beudeff. Simple client quand le bar s'est créé, le 7 juillet 1972, il est passé, il y a 20 ans, derrière le comptoir. L'incendie qui a ravagé l'établissement le touche forcément. « Mais l'essentiel est intact, relativise-t-il, nous, nous sommes toujours là. Et les souvenirs n'ont pas péri dans l'incendie. »
Quand on évoque devant cet ancien marin la renommée de Ty Beudeff, locale et internationale, là encore, la mesure est de rigueur. « On ne prétend pas détenir la « groisillonité ». On n'était même pas toujours aimés, les autorités nous regardaient parfois de travers. C'est sûr que l'on n'était pas indispensable à l'île. Mais on en faisait partie. »
Pour l'instant, Jo Le Port est donc au chômage technique. « Ce sera l'occasion pour moi de replonger dans mes grimoires ! », lance-t-il. Et pour après ? « Si le bar est reconstruit, il est évident que ce ne sera plus exactement pareil. Mais il n'y a que le décor qui est parti. Toute la vie de ce bar est gravée dans nos mémoires. » Les traces de l'histoire, symbolisées par ces témoignages de clients, laissés pêle-mêle « sur les murs, les tables, ou même les cendriers... » ont certes disparu, et une partie de l'âme de Ty Beudeff avec. Mais là encore, Jo Le Port se veut philosophe : « en général, on dit que les paroles s'envolent et que les écrits restent. Cette fois, ce sera le contraire ! ».
S. R.
Page Pays de Lorient : île de Groix
Marie-Christine
BARON
correspondante
O F sur Groix
samedi 26 juillet 2003
La taverne « Ti Beudeff » dévastée par un incendie
Tous les aficionados Groisillons, plaisanciers, musiciens, chanteurs, espèrent qu'Alain et son équipe auront la volonté de reconstruire cette institution locale.
Alain Stéphant, le propriétaire des lieux depuis 30 ans, Jo Le Port, le maître d'équipage et toute l'équipe du bistrot, sont sous le choc après l'incendie qui a détruit la taverne. L'établissement a déjà connu des heures sombres avec des fermetures administratives en saison estivale, mais aussi de beaux moments partagés, comme les 20 ans du pub, fêtés avec les amis conteurs et musiciens, tous ceux qui ont fait la réputation de Ti Beudeff, ou pour qui la taverne fut un tremplin. Les murs et la toiture de l'ancienne maison de Félicité Quéric, la grand-mère d'Alain, ont tenu bon.
Bernard Vanoni
Copyright © Le Télégramme 26/07/2003
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