" La grosse tête aux mains blanches "
Quand
reconnaîtra-t-on, à sa valeur, l'oeuvre qu'a laissée cet
homme après seulement quarante-trois petites années d'existence
:
une vingtaine de publications scientifiques cliquer
de beaux livres maritimes destinés au grand public cliquer
de nombreux articles dans diverses revues cliquer
ainsi que son engagement de terrain ... ? cliquer
Dominique
Duviard, biologiste était également un ethnographe. Belle
manière, en fait, de démontrer que l'homme est, souvent hélas,
un bel invertébré !
Il avait un esprit pluraliste, à la fois, intellectuel et manuel, écrivain,
dessinateur et surtout ... observateur.
Interrogeait-il un vieux pêcheur sur la construction d'un sardinier,
il prenait un crayon, dessinait pendant la conversation, puis soumettait à
son interlocuteur son croquis.Une discussion naissait, ensemble ils rectifiaient
et ainsi se reconstituait une tradition.
D.
Duviard avait une intuition fantastique, il respirait la mer, il devinait
les marins car il vivait avec elle et comme eux . L'écriture, l'enregistrement,
le dessin, il utilisait tous ces moyens de collecte et d'expression pour réaliser
une oeuvre capitale pour la connaissance de notre région et de ses
habitants.
Sans doute est-ce dans " Drôle de plaisancerie" (Le cercle d'Or) que Duviard se découvre le mieux. Par un récit savoureux, il nous invite sur son bateau le Kenavo et nous voilà embarqués pour un voyage au ras des cailloux, sans prétention, entre Penmarch' et La Chaume. On découvre le patron : un homme de la vie, au regard pointu, à l'humour délicieux et la bonhomie authentique, celle qui cache deux richesses, la connaissance de l'homme et de son histoire et la philosophie de l'existence. Comme il l'écrit là, ses croisières sont "sans panache". Mais Duviard n'avait besoin ni de "quarantièmes rugissants", ni de transatlantique, ni de cocotiers pour parler de la mer !
Ce pur, ce grand homme modeste, cette grosse tête méritait un salut. Dommage pour la Bretagne qu'il soit parti si vite pour une autre navigation. Mais dans nos souliers il aura laissé un sacré beau cadeau : ses livres.
Henri
de Grandmaison
avec son aimable autorisation
copyright J. Duviard-Colas 2003-2004
page conçue par Cath. Le Goff
photo couleur d' Emmanuel Audrain